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Une poterie d’apprenti découverte à Wihogne (Juprelle)

Si cette poterie réalisée à l’époque des premiers agriculteurs-éleveurs de nos régions, est de forme régulière, son décor semble par contre bien maladroit. Serait-ce un raté de production ? Nous n’y croyons pas ! Selon F. Tromme, son inventeur, c’est un magnifique exemple de transmission. Voici pourquoi.

On ne naît pas potier, on le devient !

Ce petit vase à cuisson réductrice présente un décor incisé et pointillé typique de la culture du Rubané, qui tire son nom du décor en rubans ornant ses poteries. Celui-ci, cependant, est irrégulier et peu précis. Les potiers du Néolithique nous ont habitués à mieux. Mais à bien y regarder de plus près, une partie du décor est nette et franche. Elle se poursuit pourtant de manière plus hésitante. Le potier a-t-il changé d’avis en cours de route ? A-t-il subitement perdu son habileté ? Selon l’étude que François Tromme en a fait, il s’agit plutôt de la trace tangible d’un moment d’apprentissage. Eh oui, on ne naît pas potier, on le devient ! Sans doute n’y avait-il pas d’école à cette époque, mais les enfants apprenaient tous les jours en regardant faire les plus grand. Deux personnes ont été ici à l’œuvre : le potier aguerri a mis le pot en forme et a initié le décor. L’enfant ou apprenti l’a continué. Rappelez-vous vos débuts en écriture. Cela vous a sans doute aussi pris un peu de temps avant d’avoir cette calligraphie franche et lisible qui est la vôtre. Eh bien c’était pareil pour les potiers du Néolithique. La maîtrise d’un art s’acquiert petit à petit par la pratique régulière. Ce type de transmission d’un maître à un apprenti devait être quotidien chez nos ancêtres, néanmoins, en l’absence de traces écrites de ces échanges verbaux, ces découvertes archéologiques sont rares et d’autant plus précieuses.

Vous pouvez admirer celle-ci dans l’exposition temporaire « Sapiens got Talent », mais vous pourrez également trouver deux exemplaires d’un apprentissage encore plus précoce au sein de l’exposition permanente sous la forme de deux toutes petites poteries, dans lesquelles des traces de petits ongles ont été retrouvées. Ces trois exemples sont des témoignages émouvants de la curiosité enfantine qui nous pousse encore et toujours à apprendre, même 7000 ans plus tard.

D’où vient cette poterie ?

Elle provient du site de Wihogne « La Béguine » dans la commune de Juprelle, en province de Liège. Elle a été découverte lors de fouilles archéologiques réalisées dans les années 70 par François Tromme, qui en a fait don à l’ASBL des Chercheurs de la Wallonie dont il est un éminent membre.

À découvrir dans notre exposition temporaire « Sapiens got Talent »

Cette pièce est présentée dans l’exposition « Sapiens got Talent » pour illustrer l’une des grandes inventions de la Préhistoire – le langage – et l’un des grands talents de l’humanité que ces inventions mettent en lumière – le talent de la transmission.

Cette poterie est le témoin des relations sociales entre individus à la Préhistoire. On se rassemble, on communique, on partage un savoir et un savoir-faire, on transmet.

Fiche d'inventaire

Site Wihogne « La Béguine », commune de Juprelle, province de Liège.
Description

vase en pâte noire décoré d'un ruban curviligne à remplissage pointillé très irrégulier.

Matière argile
Dimensions 7,8 x 6,8 x 6,4 cm
Datation Néolithique ancien (vers -5000 ans)
N° inventaire MPW-IT-11275 ; 966 (n° F. Tromme)
Propriétaire Chercheurs de la Wallonie
Emplacement présenté dans l’exposition temporaire « Sapiens got Talent » à partir d’avril 2024.

Bibliographie :

Tromme F., 1979. Contribution à l'étude de l'Omalien - Fosse n°1 de l'agglomération de "la Buéguine" à Wihogne. Bulletin de la Société royale belge d'études géologiques et archéologiques "Les Chercheurs de la Wallonie", 24 : 436-438 ; pl V, 2 ; pl VIII, 1.

Tromme F., 2020. Identification de type de poinçons et de la manière de les utilser, reconnaissance de modes de réalisation de décors de vases rubanés de la Hesbaye liégeoise. Bulletin de la Société royale belge d'études géologiques et archéologiques "Les Chercheurs de la Wallonie", 54 : 148,149,151.

Lien vers la fiche d’inventaire de cet objet 

Exposition temporaire « Sapiens got Talent »

Photos et crédits :

© Préhistomuseum

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